
Nous avons vendu La terre de l’Eau Vive, non sans difficultés et en septembre 1983 nous célébrions dans la joie et l’excitation l’ouverture de la librairie. La liste des diverses sections de livre fut la première tâche réalisée durant tout l’hiver. Le local en vue était l’ancien salon de coiffure Vénus, sur la rue Saint-Pierre, non loin de la rue Cathédrale, comprenant des stationnements dans la cour. Au début, nous étions quatre filles à croire au projet, mais la difficulté c’était de trouver des actionnaires en mesure d’investir. Dans un commerce, la question de l’argent et de la comptabilité sont des réalités auxquelles il fallait faire face. Comment convaincre la Caisse Populaire du sérieux et de la rentabilité du projet alors qu’il y avait déjà deux librairies à Rimouski en plus de celle du Cégep. Finalement notre plan d’affaire a peut-être fait bonne impression mais c’est sans doute le fait qu’Audette et moi-même avions un poste permanent au Cégep de Rimouski qui fut l’argument décisif. Dès que la Caisse Populaire accepta de nous accorder le prêt, les autres obstacles se succédèrent mais l’énergie créatrice était au rendez-vous. Nous avions le cœur à l’ouvrage et il fallait trouver un entrepreneur qui accepte de rénover un vieux bâtiment. Tous hésitaient à cause des nombreuses surprises qu’on risquait d’y trouver. Et Dieu ou la Déesse sait qu’on en a trouvées. Finalement, un monsieur Morneau accepta courageusement le défi et nous avons passé l’été dans les travaux tout en prévoyant la publicité, la comptabilité, l’entretien des bâtiments, le système d’alarme, le système de classement des livres, les relations avec les fournisseurs et avec la clientèle, etc. Il faut dire que durant cette période intense de créativité, le rapport au temps s’était modifié. Fini les journaux et la télé. Nous savions que nous serions informées s’il y avait une nouvelle urgente et importante. Durant l’été, j’ai fait la tournée des maisons d’éditions et de distribution à Montréal avec Esther Morrissette qui a généreusement travaillé comme bénévole durant les premiers mois de l’ouverture de la librairie. La réponse de Rimouski et du Bas-Saint-Laurent fut positive. Cette librairie, qualifiée d’ ésotérique, au début répondait à des attentes qui s’ajustèrent en fonction de la demande. Avec le temps la librairie est devenue agréée générale.