
L’idée de privilégier la reproduction de l’élite n’est pas nouvelle, Platon en fut le champion dans sa vision de la République idéale où les bébés indésirables devaient être éliminés sans problème, en conformité avec la tradition. Dans la Grèce antique l’élite comprenait essentiellement des citoyens mâles (des purs sang grec). Les femmes, esclaves, métèques étaient exclus du débat public. Que faut-il en penser aujourd’hui ? Est-il toujours favorable de privilégier la reproduction de l’élite ? Quelle élite ? La liste des questions pourrait être très longue.
Avec la chrétienté la structure sociale élitiste s’est modifiée tout en demeurant patriarcale. Le planning familial catholique fut conçu par les Pères de l’Église, à l’opposé de la pensée de Platon : interdiction d’avortement et reproduction maximale du peuple, dans le but de s’assurer une meilleure place au ciel, sans doute ? Ce n’est qu’à la fin du 19esiècle que Sir Francis Galton, cousin de Darwin, est revenu en force avec la création de la notion d’eugénisme qui signifie bonne naissance. Professeur à l’université de Londres, ses recherches, conférences et écrits inspirèrent le premier Congrès international d’eugénique en 1912.
Dès 1907 la première société d’eugénique de Londres, qui eut des accointances avec le nazisme, l’Eugenics Education Society comprenait 600 membres dont la moitié était des femmes. L’une d’entre elles, Marie Stopes. fut la militante la plus remarquable pour l’éducation à la sexualité, à la contraception et à l’avortement. Le contexte social de l’intelligentsia était favorable à l’eugénisme et plusieurs pays pratiquèrent la stérilisation des personnes considérées inaptes à la reproduction dont les États-Unis, la France, la Suède, le Canada, la Russie, le Japon.

Pour conclure, il faut se faire à l’idée que le transhumanisme est un nouveau paradigme qui appelle à la réflexion. L’idée de prolonger la vie sur terre et d’éliminer les tares génétiques fait de plus en plus d’adeptes, indépendamment de toutes les idéologies politiques, philosophiques, spirituelles, religieuses ou morales. Sans les avancés des NBIC le transhumanisme visant le point Oméga ne serait pas apparu avec une telle force et si rapidement. De telle sorte qu’on peut imaginer que le clivage du futur, risque de s’opérer entre les bio-conservateurs et les transhumanistes. Avec toutes les nuances que l’on peut imaginer.
L’histoire de l’art nous apprend que les artistes, ont tendance à utiliser les dernières découvertes techniques et scientifiques dans leurs explorations. Par exemple, la peinture à l’huile amena le déclin de la technique de la fresque, le tube de peinture transporta les artistes dans la nature et l’appareil photo bouleversa le monde de l’image, tant par la forme et le contenu que par la production et la diffusion. Aujourd’hui, films, séries et jeux video dominent la consommation d’images sur la planète et l’homo sapiens recycle ses visions du monde grâce aux NBTC. Quoique l’on pense des bioartistes, ceux-ci et celles-ci ont le mérite d’utiliser des technologies actuelles afin de provoquer le débat social. N’oublions pas que ce qui se trame dans les laboratoires du futur n’est pas sous les projecteurs des médias. Heureusement, les bioartistes, lanceurs d’alertes, illuminent la caverne de Platon.
Pour l’instant, que dire des nombreuses prothèses possibles pour les diverses parties du corps ? La liste est longue et les patients sont nombreux.
