Transhumanisme et évolution

Le mot transhumanisme est apparu en France dans les années 1930, via le Centre d’études des problèmes humains où voisinent les idées d’Alexis Carrel et de Julian Huxley (frère d’Aldous)  et où l’on évoque la pensée spiritualiste évolutionniste de Pierre Teilhard de Chardin. Mis à l’index par l’Église de Rome, l’œuvre du jésuite scientifique vise le point Omega pour l’avenir de l’humanité. Rien de moins. Cette façon singulière d’imaginer le futur avait tout ce qu’il fallait pour inspirer spirituellement certains courants transhumanistes. (Les jésuites doivent se retourner dans leur tombe.) L’œuvre de Pierre Teilhard de Chardin fut traduite en anglais par Julian Huxley, président de la Société eugénique britannique. Celui-ci fut co-rédacteur du Manifeste des généticiens en 1939 et premier directeur à l’UNESCO en 1948. C’est lui  qui popularisa le terme transhumanisme lors d’une conférence  dans les années 1950.

De son côté le  controversé prix Nobel de 1912, le chirurgien Alexis Carrel, rayé de la toponymie de Montréal en 2017, fut carrément associé au nazisme. Pourtant tous ces scientifiques et philosophes en faveur de l’eugénisme, dont Bertrand Russel, avaient en commun l’idée d’évolution et de perfectionnement de l’humanité tout en craignant la surpopulation des inaptes. Ils étaient nombreux en Angleterre les adhérents à des cercles eugéniques qui visaient la sélection rationnelle plutôt que naturelle.  Mais, suite au nazisme, toute idée d’évolution reliée à l’eugénisme est devenue tabou malgré la stérilisation forcée qui était devenue monnaie courante dans de nombreux pays. J’y reviendrai. 

Alexis Carrel,(1873-1944)
Prix Nobel physiologie ou médecine 1912

« L’unique route ouverte au progrès humain est le développement optimum de toutes nos potentialités physiologiques, intellectuelles et spirituelles. Seule cette appréhension de la réalité totale peut nous sauver.» Carrel

PIERRE THEILLARD DE CHARDIN

Pierre Theillard de Chardin,  (1881-1955)
Jésuite paléontologue

« Notre devoir d’Homme est d’agir comme si les limites de notre puissance n’existaient pas. Devenus, par l’existence, les collaborateurs d’une Création qui se poursuit en nous pour mener invraisemblablement à un but (même terrestre) bien plus élevé et éloigné que nous ne pensons, nous devons aider Dieu de toutes nos forces, et manipuler la matière comme si notre salut ne dépendait que de notre industrie.»  Theillard de Chardin

JULIAN HUXLEY

— Julian Huxley, (1887-1975)
Biologiste, théoricien de l’eugénisme 

« Une fois pleinement saisies les conséquences qu’impliquent la biologie évolutionnelle, l’eugénique deviendra inévitablement une partie intégrante de la religion de l’avenir, ou du complexe de sentiments, quel qu’il soit, qui pourra, dans l’avenir, prendre la place de la religion organisée. »  Huxley

L’idée d’améliorer et de prolonger l’espèce humaine est réapparue en force en Californie dans la Silicon Valley dans les années 1980, avec l’aide de la NASA,  sous la houlette de Ray Kurzweil patron de l’université de la Singularité dont on retrouve des tentacules dans divers pays. Le mouvement transhumanisme prône l’utilisation des diverses technologies afin de soigner, perfectionner, transformer et prolonger l’homo sapiens. Et pourquoi pas le rendre immortel, comme le propose la firme Neurolink de Elon Musk, en créant une symbiose cerveau/machine par des implants neuronaux ? 

Malgré la tentative de rendre le concept plus sexy en 2008, en changeant le nom pour Humanity Plus, cela n’a pas changé grand chose. La Déclaration  définissant les bases du transhumanisme est rédigée en 7 points. Le premier point se lit ainsi : « L’humanité sera profondément affectée par la science et la technologie dans l’avenir. Nous envisageons la possibilité d’élargir le potentiel humain en surmontant le vieillissement, les lacunes cognitives, la souffrance involontaire, et notre isolement sur la planète terre. »

Captivant et troublant la création de ce projet qui en désole certains et en réjouit d’autres. Voici donc quelques un des livres qui m’ont particulièrement aiguillonnée dans cette recherche sur la génétique, les biotechnologies et le transhumanisme.  Parmi ces livres, celui de  Jacques Testart, père du premier bébé-éprouvette français en 1982, m’a rappelé les pratiques artistiques du BioArt qui jusqu’alors ne m’avaient pas tellement captivée. 

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