
J’ai descendu du train à la petite gare vers 7 heures du matin. Le chauffeur de taxi me promena dans la ville et me conduisit au restaurant en attendant mon rendez-vous. Au coin des rues l’Évêché et Cathédrale, je me revoyais dans mon grand livre de géographie de première année avec sœur Marie Adolphine : une petite gare patrimoniale, l’Évêché, la cathédrale, le bureau de poste Canada, la mairie, l’ancien petit séminaire devenu Cégep, l’hôpital, l’Institut maritime, le Musée, le Conservatoire de musique, Allouette ! Bref, une petite ville prospère et fière, chef-lieu de la région, une ville d’institutions, dont la plus nordique des universités québécoises l’UQAR. C’était l’automne, il y avait des branches de feuilles d’érables ici et là en guise de décoration. J’étais surprise de cette tradition inusitée. J’ai su plus tard que ces décorations s’inscrivaient dans le cadre du Festival d’automne (en lien avec la France). Le temps gris et la marée basse me décevaient mais je découvrais un monde vivant à l’échelle humaine dans un décor religieux d’une autre époque. J’avais la sensation de jouer dans un vieux téléroman québécois dont je ne connaissais ni les lieux, ni les personnages. (Victor Lévy Beaulieu n’était pas loin). L’audacieuse journaliste Lisette Morin écrivait alors que Rimouski était la ville la plus scolarisée du Québec. Très stimulant tout cela. J’avais déjà imaginé devenir prof d’histoire de l’art dans un Cégep, mais jamais dans une petite ville de 32,000 personnes en bordure du majestueux fleuve Saint-Laurent. Quelle sera mon persona dans ce nouveau contexte de vie si je suis choisie ?