
Avec le temps et la science aidant, la représentation du divin évolua en Occident vers plus de réalisme et fit un bon considérable à la Renaissance italienne (volume, proportion, perspective, singularité des individus, disparition des auréoles, etc.). Les génies Michel-Ange et Léonard de Vinci, stars rivales de l’histoire de l’art, ainsi qu’une multitude d’artistes révolutionnèrent le mode de représentation du Divin en l’incarnant en chair et en os. Pensons à la Vénus de Botticelli qui se justifiait théologiquement comme une synthèse de la Vierge Marie et de la Déesse-Mère qui émergeait de l’eau. Cette métamorphose de la pure et chaste vierge Marie évolua jusqu’à l’extravagante et rebelle Madonna. Depuis la Renaissance, des caractéristiques humaines sont attribuées aux divinités chrétiennes, malgré certaines résistances du clergé à différentes époques. Pour les besoins du mythe, les divinités, tout en s’incarnant, conservent des pouvoirs magiques leur permettant de monter au ciel avec leur corps : Résurrection, Ascension, Assomption, Transfiguration.
Grâce à l’analyse des mythes religieux et des images, on comprend mieux comment sont formatés nos cerveaux. Ainsi la pensée humaniste issue de la culture chrétienne, telle qu’on peut l’observer à travers l’histoire de l’art, est constamment en évolution grâce aux développement technologique. Avec le daguerréotype, premier procédé photographique commercialisé et acheté par l’État français en 1839, ainsi que la premières projection de film présenté au public par les frères Lumières en 1895, se mettait en place la civilisation de l’image. Ces procédés technologiques qui n’en finissent plus de se complexifier permettent désormais de voyager autant dans les mythes du passé que dans ceux du futur. Ces mythes adoptent et adaptent les archétypes fondamentaux au parfum du moment, de la mode locale ou internationale. Par conséquent l’économie de l’attention dans laquelle une armée de concepteurs, créateurs, artistes, producteurs, réalisateurs, accompagnés d’une multitude de métiers reliés à l’image, sont tous en compétition dans le marché local, national ou international. Le système capitalisme intrinsèquement relié au marché des images est toutefois plutôt libre puisqu’il se réclame de l’idéologie de la liberté et du libéralisme. C’est dans ce contexte de réflexion sur l’évolution des mythes et des représentations des mythes que je mijotais ma première exposition-performance qui eut lieu dans la librairie Vénus de Rimouski. Pour la suite de mon histoire, je dois sortir de mon locker le coffre contenant mon CV et des photos de l’événement.
