
Par un concours de circonstances et parce que le féminisme était dans l’air, j’ai été invitée à participer à un panel au Musée Régional de Rimouski, sur l’art des femmes. Les historiennes de l’art France Lévesque et Arlette Blanchet du MAC étaient mes copanelistes. C’est dans ce contexte d’effervescence du féminisme en arts que Arlette Blanchet conservatrice au MAC assura la gestion et le commissariat de l’exposition Art et féminisme. Cet événement artistique avait obtenu un record d’achalandage au Musée. On y exposait la fameuse Chambre Nuptiale de Francine Larivée ainsi que la non moins célèbre oeuvre contreversée de Judy Chicago : The Dinner Party ainsi que d’autres œuvres de femmes. Notre département avait organisé une visite au MAC pour l’occasion à caractère événementiel. Les traces de cette époque révolue sont en train de disparaître, dans les nuages et il est bon de s’en rappeler. Heureusement qu’on en garde des traces dans les mémoires de maîtrise en histoire de l’art comme celui de Catherine Melançon : La réception des expositions d’art engagé à la fin du XXesiècle au Québec : entre reconnaissance et institutionnalisation, 2010. Il faut dire que l’intellectualisation du discours sur les œuvres d’art dans un langage hyper spécialisé allait créer un fossé entre les personnes qui jouaient librement avec ce langage et les autres. Cette expertise fait partie du jeu que certaines personnes prennent très au sérieux pour se distinguer de la masse ( La distinction selon Bourdieu ). Ainsi, il s’est établi assez rapidement une hiérarchie de connaisseurs canadiens français à partir des années 60, dans laquelle gravite une élite qui se distingue soit par son argent ou sa culture, parfois par les deux. Quoi qu’il en soit, la ferveur qui animait le monde des arts visuels, en général, était annonciatrice de l’importance de la civilisation de l’image qui émergeait grâce aux divers médias et technologies, toujours de plus en plus sophistiqués.