
Dès l’adolescence j’étais devenue progressivement anti-religion et anti-cléricale, comme tant d’autres québécois et québécoises de ma génération. C’est ce qui explique que j’ai fait ma large part pour ébranler l’institution catholique, en me présentant aux élections scolaires de la CECM avec mon ami Yves Archambeault, sous la bannière du Regroupement Scolaire Progressiste (RSP), peu avant mon engagement au Cégep. Le poète Jacques Godin, amoureux de Pauline Julien, m’accompagna une journée entière dans ce porte-à-porte qui dura un long mois. À court terme, le RSP visait l’exemption de l’enseignement religieux et la création des cours de morale afin de sortir les enfants athées des corridors des écoles. Le temps des religions institutionnalisées me semblait vraiment révolu. Belle illusion de jeunesse. Le temps nous a montré que la véritable laïcité au Québec n’était pas pour demain.
Si j’avais un souhait pour l’humanité c’est qu’elle évolue consciemment vers la notion de « trans ». Pas les gras trans mais bien la transcendance, tel que pouvait l’imaginer Anais Nin : transition, transgression, translucidité, transformation, transmission, transportement, transdisciplinarité… enfin, tous les trans qui nous font évoluer au-delà du connu. Ce sont ces « switchs » de niveau de conscience qui nous fascinent, avec leurs bons et leurs mauvais côtés. Il faut reconnaître que la notion de « trans » s’oriente lentement mais sûrement vers le transhumanisme et le transgenrisme et autres trans que nous ne pouvons pas encore imaginer. Plus qu’une mutation, une transmutation qui ne pouvait être imaginée à l’époque d’Anaïs Nin. Dans un contexte où les mots changent de sens et que la religion institutionnalisée perd de sa substance, je suppose que les mots transubstantiation et transfiguration sont également appelé à un détournement de sens.